Posté par Eric le 21 12 2013 dans Actu Passion, Art Actualités | 0 Commentaires
LA PETITE SELECTION DE NOEL PAR MY ART SERVICES, SOCIETE DE CONSEILS ET ACQUISITIONS D’ŒUVRES D’ART.
AU GRAND PALAIS : BRAQUE ET VALLOTTON
L’EXPO GEORGES BRAQUE : INCONTOURNABLE!
Le Grand Palais présente jusqu’au 06 JANVIER 2014 la première rétrospective consacrée à Georges Braque (1882-1963), depuis près de quarante ans.
De Braque on s’attend forcément à la « re »découverte d’une œuvre essentiellement cubiste. Grand initiateur du mouvement, et inventeur des papiers collés, Braque sera pourtant presque systématiquement relégué à « l’éternel second » derrière Picasso. Puis l’on découvre avec surprise et délectation, qu’il n’est pas que l’inventeur des papiers collés, mais un artiste à la production passionnante, qui s’est diversifiée et intensifiée au fil des ans. Le Grand Palais nous fait découvrir ses premières œuvres fauvistes, délicates, largement inspirées par Cézanne aux couleurs éclatantes qui font de la première salle l’une des plus spectaculaires. La dernière section n’en n’est pas moins émouvante présentant l’ultime travail de Braque, « Les Oiseaux » dont le motif est figuratif mais la représentation de plus en plus abstraite, montrant que même dans la fin de sa vie (1954-1962), contrairement à ce qu’a pu en dire la critique, Braque a toujours été ouvert à la nouveauté. Ainsi, le choix de cette œuvre comme affiche de l’exposition est surprenant mais judicieux, à l’image de cette rétrospective incontournable.
Infos : tous les jours de 10h à 22h, sauf le mardi. Vacances de Noël du 21 décembre au 4 janvier : tous les jours de 9h à 22h, sauf le mardi.
A lire aussi : http://www.lexpress.fr/informations/exposition-le-coup-de-coeur-braque-the-late-works_621243.html
http://evene.lefigaro.fr/culture/agenda/georges-braque-2198527.php
FELIX VALLOTTON : SURPRENANT !
Quelle Modernité ! Le spectateur ne peut être que frappé par l’audace et la profonde modernité des œuvres de Félix Valotton (1865-1925), artiste si singulier qui défie toutes les catégories de style. Post impressionniste mais surtout connu pour son appartenance aux Nabis, il laissa derrière lui une œuvre gargantuesque composée de peintures, gravures et d’innombrables dessins. Il s’essaie à tous les genres : portrait, nu, paysage, nature morte et même peinture d’histoire. A ses heures perdues, il devient même tour à tour critique d’art, essayiste et romancier.
Cette polyvalence artistique fait de lui un « inclassable » un peintre « ambigu » et « singulier ». Reconnaissables entre toutes, ses toiles se distinguent par des couleurs raffinées et un dessin précis découpant la forme. Dans ses tableaux d’intérieurs, il décrit au scalpel la vie bourgeoise, l’incommunicabilité, le mensonge. De son pinceau implacable, il explore aussi les corps nus. Valotton démultiplie les styles et les supports, bascule d‘une esthétique à une autre et ne cesse de surprendre le spectateur. Doté d’une sensibilité pour la ligne et d’un goût prononcé pour le décoratif, le peintre met en scène de mystérieuses représentations dans des ambiances feutrées. Exécutées dans un style réaliste, ses scènes dégagent une certaine sérénité qui se trouve vite rompue par des détails qui annoncent le basculement d’une situation, l’imminence d’un drame suggérée au spectateur. Par le biais d’une approche achronique mais thématique, le visiteur est convié à s’immerger dans les méandres créatifs de l’artiste. Là encore, la qualité de l’exposition réussit la réhabilitation d’un grand peintre encore trop méconnu! La rétrospective du Grand Palais est donc un événement incontournable pour chaque amateur ou spécialiste et qui va, espérons-le, contribuer à rétablir l’injustice de ce peintre trop mal connu.
Infos : Exposition Félix Vallotton, Le feu sous la glace au Grand Palais jusqu’au 20 janvier 2014.
AU MAM ZENG FANZHI ET POLIAKOFF
ZENG FANZHI : L’EXPO CHOC !
Comme les Etats Unis de l’après-guerre, la Chine s’impose depuis le début du XXIème siècle, comme le nouveau centre névralgique du monde de l’art concentrant et attirant collectionneurs, entrepreneurs et artistes. En témoigne le récent atteint début octobre à Hong Kong par une de toile de Zeng Fanzhi (1964-), « La Cène », peinte sur 4 mètres de long, et adjugée 23,3 millions de dollars (17,1 millions d’euros).
Largement reconnu par les collectionneurs et le milieu institutionnel, le MAM lui consacre jusqu’au 16 février 2014, une exposition fascinante qui permet de rentrer pleinement dans son œuvre. Référence majeure de la jeune génération d’artistes chinois, sa peinture mêle depuis les années 90, histoire de la Chine et histoire personnelle, laissant paraître la brutalité d’un passée politique au travers de souvenirs d’enfance. Réalisée en étroite collaboration avec Zeng Fanzhi, l’exposition est l’occasion de découvrir l’ensemble de sa carrière à travers un accrochage à rebours d’une quarantaine de toiles de 2013 à 1990, début de ses premières œuvres. Nombre de visiteurs vont donc s’arrêter longuement sur cette « Cène » qui a fait le voyage à Paris, avant de partir vers le fortuné acheteur inconnu. Elle est composée comme il se doit de treize jeunes gens assis autour de la table sur le modèle de Léonard de Vinci revue sous le prisme de la chine populaire. On remarque en effet dans son travail l’héritage issu de la tradition du paysage dans la peinture chinoise mais aussi les nombreuses influences occidentales comme Balthus, Bacon, Warhol ou Pollock ou encore comme la peinture plus ancienne.
Assimilation des modèles orientaux et occidentaux, la peinture de Zeng Fanzhi ne saurait être réduite à cette simple analyse. En effet, l’artiste multiplie les styles et les thématiques à travers une recherche tant picturale qu’intellectuelle avec une technique maîtrisée. Certaines de ses œuvres rappellent des souvenirs de jeunesse, des images du passé politiques chinois mais aussi des réminiscences du Pop Art. D’autres s’approchent d’une abstraction plus sombre comme ces récents portraits et paysages aux formats gigantesques, barrés de ronces d’où fourmillent animaux et corps humains floutés ou disproportionnés.
Cet expressionnisme renvoie tantôt à la peinture allemande comme celle de Dürer, (pour « Hare » référence direct au « lièvre » de Dürer, tantôt aux scènes hallucinées et atmosphères inquiétantes de Max Beckmann et Soutine pour ses premières œuvres comme sa série des « Hôpitaux ».
La confrontation à ces toiles est un choc pour le spectateur averti comme pour le néophyte. Une véritable expérience picturale, une étreinte dans le monde intérieur de l’artiste qui ne vous laissera pas indifférent.
POLIAKOFF : LE REVE DES FORMES !
En 150 œuvres, réalisées entre 1946 et 1969, le MAM propose aussi une rétrospective articulée autour de tableaux-clé, retraçant des années de recherches picturales de l’un des peintres les plus modernes de son époque. L’exposition parcoure avec intelligence toute la richesse de l’œuvre de ce chantre de l’abstraction, qui n’aura eu de cesse de creuser les relations entre forme, couleur, ligne et lumière :
Lorsqu’il quitte la Russie, subsistant grâce à ses talents de guitariste, Serge Poliakoff passe par la Turquie, Sofia, Belgrade, Berlin, Paris et Londres, où il séjourne au milieu des années 1930. C’est là qu’ il découvre l’art abstrait et les sarcophages égyptiens, dont les couleurs le fascinent. Il s’invente d’ailleurs une anecdote pittoresque, affirmant qu’au British Museum, il aurait gratté la couche picturale du sarcophage d’Aménophis III pour savoir comment les couleurs étaient posées. Sa peinture, jusque-là très académique, se dégage alors de toute représentation. Devenu ami avec Kandinsky et Delaunay qui l’associent à leurs recherches, sans que sa peinture en soit pourtant directement influencée, il s’impose à Paris comme l’un des esthètes les plus radicaux de l’art abstrait. Qu’elle soit géométrique ou lyrique, Poliakoff fait figure d’indépendant : parallèlement à cette esthétique de la rigueur à laquelle il s’est trouvé confronté, diverses expériences suscitent en lui d’autres affinités. La culture qui l’a baigné dans son adolescence a laissé en lui d’ineffaçables références comme les icônes aux fonds d’or des Eglises moscovites. Pour Poliakoff, la maîtrise de la couleur est essentielle : broyant ses pigments, diluant les poudres à sa guise, la couleur est posée en deux ou trois couches ; la dernière, appliquée au couteau, laisse apparaître les dessous par transparences. Ce jeu de matières et de couleurs donne à ses toiles une mystérieuse profondeur et induit un rapport physique avec le spectateur qui les contemple. Une contemplation silencieuse, méditative comparable à certaines toiles de Rothko. Avec cette vaste exposition, le musée d’Art moderne de la Ville de Paris réussie la réhabilitation d’une figure marquante de l’abstraction. Et Serge Poliakoff est décidément à l’honneur en cet automne 2013, puisqu’en parallèle, le musée Maillol organise une exposition autour de ses gouaches. Beau programme !
Infos, horaires : du mardi au dimanche de 10h à 18h, nocturne le jeudi jusqu’à 22h. «Poliakoff, le rêve des formes», musée d’Art moderne de la Ville de Paris, Paris XVIe, jusqu’au 23 février 2014.
A lire aussi : http://www.lefigaro.fr/arts-expositions/2013/11/29/03015-20131129ARTFIG00342-expo-poliakoff-l-architecte-de-la-couleur.php
http://www.lefigaro.fr/arts-expositions/2013/12/10/03015-20131210ARTFIG00414-zeng-fanzhi-l-action-painting-a-la-chinoise.php
http://www.lesechos.fr/culture-loisirs/sorties/expo/0203080888726-le-choc-zeng-fanzhi-622263.php
ART ACTUEL: PARRENO VERSUS HUYGHE – PALAIS DE TOKYO VERSUS CENTRE POMPIDOU
La presse étrangère est unanime « Jamais l’automne à Paris n’a eu un tel impact pour l’art actuel », s’enthousiasme la revue allemande Art, das Kunstmagazin (7 novembre). Le quotidien italien La Repubblica salue lui aussi « un grand moment pour l’art à Paris ».
MY ART SERVICES, société de conseil en acquisitions d’œuvres d’art, revient sur deux expositions mémorables qui déclinent des thèmes, des atmosphères, des langages du monde contemporain. «Ce revival simultané de Parreno et Huyghe pointe un regain d’intérêt pour le conceptuel sur le matériel, pour la poésie de l’expérience sur l’objet, et finalement pour le potentiel de l’exposition comme medium en soi » (Artforum, 2 novembre).
D’un côté, celle de Philippe Parreno “Anywhere, anywhere out of the world” (dont le titre emprunté à Baudelaire est assez évocateur), figure éminente de la scène artistique internationale qui doit sa renommée à l’originalité de son travail et à la diversité de pratiques (cinéma, texte, performances, dessins, sculptures….). L’artiste repense ici les espaces monumentaux du Palais de Tokyo avec une exposition envahie d’installations, de films, de musiques, de performances. L’exposition est envisagée comme un médium, un objet à part entière, une expérience dont il explore toutes les possibilités. Premier artiste à occuper seul la totalité des espaces agrandis, Parreno orchestre son exposition selon la transcription pour piano à quatre mains de Petrouschka, de Stravinsky. Cette composition pilote et découpe l’espace selon une mécanique d’horlogerie. L’exposition devient alors un automate géant, rythmée par les mouvements et variations de Petrouschka. Le parcours de la visite est dirigé dans un espace animé. L’artiste nous entraine dans une sorte de manège qui tourne et retourne. Les cartels d’habitude statiques, clignotent ici, les portes automatiques s’ouvrent et se ferment, un mur tourne lentement, Zidane se déplace d’un espace à un autre pour changer de plans. Les lumières s’éteignent, le piano se met à jouer tout seul, des visages, objets fluorescents, apparaissent et s’estompent sur les murs…. Dans un coin, une machine multi-câblée écrit sur des feuilles de papier, griffonne des têtes, recouvre ce qu’elle vient de faire d’autres traits. Dans la même pièce, une bibliothèque pivote et on découvre une chambre éclatante. On se faufile, on est seul dans un mausolée, les sons du piano et du robot n’arrivent que très étouffés. On est passé de l’autre côté d’on ne sait quoi. Au mur, des dessins de John Cage et de son compagnon Merce Cunningham…. BREF ! C’est un tourbillon, une expérience à travers laquelle le spectateur s’interroge, se gratte la tête et se perd.
Voyage au bout de l’étrange, bien plus qu’une exposition, c’est une claque à prendre jusqu’au 12 janvier 2014!
HUYGHE : UN CHARMANT FOUTOIR !
L’autre claque de cet automne artistique, à laquelle la comparaison ne peut échapper, c’est celle de son ex-complice Pierre Huyghe au centre Pompidou.
Entre réalité et fiction, Huyghe invoque les sciences de la nature et le monde animalier. Il y en a partout ! L’espace est saturé d’objets, de vidéos projetées aux murs, de photos éparses, de sculptures énormes, de sons différents, d’odeurs et de bêtes de toute sorte. Un plafond est transformé en terrain de jeu lumineux que les spectateurs contrôlent à distance, avec des manettes. Une patinoire est installée au fond de la salle, un peu plus loin un énorme tas de sable rose fluo a été déversé sans qu’on comprenne trop pourquoi… Ça chante, ça crie, ça parle! Le spectateur évolue à travers une jungle d’objets, d’espaces et de récits qui changent, évoluent ou même se décomposent au rythme de la vie organique. L’espace est envisagé comme un monde en soi, non orchestré, vivant selon ses propres rythmes. Pierre Huyghe fait des visiteurs de l’exposition des témoins dès leur entrée dans la Galerie sud du Centre Pompidou. « Je m’intéresse à l’aspect vital de l’image, à la manière dont une idée, un artefact, un langage peuvent s’écouler dans la réalité contingente, biologique, minérale, physique. Il s’agit d’exposer quelqu’un à quelque chose, plutôt que quelque chose à quelqu’un », explique l’artiste. Geste architectural inédit dans la Galerie sud, l’extension de l’espace d’exposition s’ouvre vers l’extérieur en une excroissance, où certaines œuvres organiques et climatiques de l’artiste vont exister.
Mais alors, « comment s’y retrouve-t-on dans tout ça ? », me direz-vous… Eh bien on s’y perd et c’est précisément ça qui est agréable ! C’est au spectateur de déambuler, de fouiller, pour découvrir les différentes œuvres disséminées çà et là. On aurait presque l’impression de participer à une chasse au trésor ! Pierre Huyghe nous égare, et on aime ça!
Alors quoi qu’il en soit, courez-y, car c’est une exposition étonnante comme on a peu l’occasion d’en voir. Et puis si vous n’y comprenez rien vous pourrez toujours y retourner, encore et encore et encore, jusqu’au 6 janvier 2014!
A lire aussi :
http://www.lemonde.fr/culture/article/2013/10/07/l-ecosysteme-du-plasticien-pierre-huyghe-luit-a-beaubourg_3490979_3246.html
http://www.lesinrocks.com/2013/11/12/arts-scenes/arts/pierre-huyghe-au-centre-pompidou-jintensifie-ce-11443006/
Rédigé par Pauline L-C pour My Art Services